Pour rejoindre le lac Inle (certainement le site birman le plus fréquenté après Bagan), il est possible de faire un petit trek de 3 jours depuis la ville de Kalaw. Sur les conseils du très recommandable World Wide Brice (notre référence pour préparer ce voyage) nous nous sommes lancés dans ce trek avec M. Charles, un guide résidant à Kalaw.
Attention, article-fleuve 🙂
Nous nous donnons rendez-vous le mardi à la sortie de notre bus, pour que Charles nous explique l’itinéraire, le déroulement du trajet, l’équipement à prévoir et les détails techniques. Première rencontre charmante qui nous rend très enthousiastes sur la suite du parcours 🙂
Kalaw n’a rien de bien intéressant en soi, alors on passe le reste de l’apres-midi à essayer tant bien que mal à donner des nouvelles et actualiser le blog, le wifi est plus que pourri dans la montagne birmane.
Premier jour : c’est parti pour l’aventure
Le lendemain, apres un déjeuner bien relevé (confondu le sel et le sucre… pas bien réveillés. ..), nous voici partis avec Charles sur les sentiers forestiers.

Terre battue, forêt de pins, pas de doute, on est bien dans les landes

Suis cho
Au fur et à mesure de l’évolution du paysage, Charles nous explique l’histoire de ces terres, le déroulement des saisons, les différentes cultures :

Petit potager dans une cuvette

De loin, notre meilleure photographie
Nous discutons de nos vies, nos projets, Charles a toujours une petite anecdote sur son enfance, sur la vie des villages traversés ou sur sa vie de guide. Nous abordons les sujets politiques sans trop nous attarder car on sent que ça le rend un peu sensible.
Première pause-déjeuner où Charles nous prépare avec amour un festin de rois :

Pour une fois, on peut manger le dessert avant le plat
Avec un petit guacamole à tomber qu’il ne prépare que pour ses clients (il nous explique que les Birmans mangent plutôt l’avocat sucré).
Et c’est reparti :

Moi, les guides, c’est comme les taxis, jme place à l’arrière
Dans l’après -midi, nous allons prendre le thé dans le village d’Inn Won.

Un moment de franche rigolade
Nous entamons un peu la discussion avec la famille qui nous accueille (Charles fait l’interprète), pas facile facile de trouver des sujets de conversation communs ! Heureusement la coquetterie est universelle, alors j’apprends à fabriquer le fameux thanaka :

Y’en a une que ça fait pas trop marrer

J’ai pas trop osé lui dire qu’il lui restait du savon plein la gueule
Une sorte de pâte de bois qui fait office de crème solaire (et ça marche bien !)
Petite séance photo avec des enfants du village (trop l’éclate quand je leur montre la photo sur l’appareil).

Sont beaux ces gosses ! Manque juste la musique de Beverley Hills en fond
Encore un peu de marche et nous arrivons en milieu d’après-midi à Lamine, le village où nous allons passer la nuit, chez un ami de Charles.

C’est pas lui l’ami de Charles. Jpréfère préciser pour ceux qui auraient des doutes
Notre hôtesse est déjà en train de préparer le dîner :

Là on est dans la cuisine

Ici, on fait du feu dans la cahute en paille. Normal
On profite du temps devant nous pour apprendre quelques mots de birman avec Charles. Et ben c’est pas facile ! Tout ce que j’arrive à retenir pour le moment c’est « je voudrais une bière » et « merci ». Au moins je ne mourrai pas de soif !

T’en as déjà trop mais ils continuent à cuisiner !
On va se coucher avec les poules car demain encore une bonne journée de marche nous attend !
Deuxième jour : chili, rizières et thanaka
Après une nuit un peu fraîche et agitée (les chants de coqs et combats de chats valent bien les voitures du Vieux-Lille…), on essaie d’ingurgiter tant bien que mal notre copieux petit-déjeuner.

On a commencé direct par la salade chaude patate-aubergine histoire de bien se casser la journée

Et voilà le résultat. Regard dérobé, bouffitude des joues, mains tremblantes, ce type ne sait plus très bien ce qu’il fait

Cette photo, c’est AVANT la première bouchée

Photo en mode les Daltons

Allez courage petit, après ta pelure d’orange, il faudra finir la boulette de papier
Petite séance photo avec notre famille d’accueil et c’est reparti ! J’ai encore le droit à un peu de thanaka pour la route :

Faut toujours que les gens ferment les yeux quand on prend des photos
Encore une fois durant ce deuxième jour on voit se succéder une diversité de paysages incroyable. On passe des terres arides aux collines verdoyantes, et les sentiers de terre ocre offrent un joli contraste avec le bleu limpide du ciel.

Ici, on soigne même l’esthétique des piscines à vaches
Une vraie pub Kodak :
On traverse encore quelques villages :
avec quelques rencontres incongrues :

Même le guide avait mis une tenue pleine de couleurs
C’est la pleine saison du piment, histoire de rajouter encore un peu de couleur :
Le midi, on s’amuse avec deux petites filles qui doivent en avoir marre des touristes, et se roulent en boule sous un drap pour ne pas que je les prenne en photo.

Mais on est plus malin qu’elles !!!
Au bout de 5mn, elles cavalent jusque leur maison, reviennent avec un petit appareil photo en plastique et font mine de nous photographier à leur tour. S’ensuit une partie de cache-cache qui les fait bien marrer. Bon, quand elles commencent à vouloir balancer sur nous leur morve on arrête tout net le petit jeu. Mignons mais dégueus ces gosses birmans !
L’après midi, notre papi-guide infatigable nous emmène à nouveau à travers des paysages somptueux. Désolée de vous bombarder de photos mais trop dur de choisir :

Le grand canyon birman

Les rizières

Jsuis vachement photogénique de dos

En mode le salaire de la peur
On aura bien mérité notre bière et nos frites !!

Dans l’euphorie, j’ai adopté une tête bizarre

Friiiiiiiiites !!!
On passera la nuit dans la maison de l’instituteur du village de Patoo Pok, une grosse étape de la route du trek où on rencontre pas mal d’autres touristes.
Avant le dodo petit coucher de soleil sur la campagne birmane, observé depuis un super spot conseillé par un Charles :

Quand ça fait 6 minutes que tu poses parce que madame veut te bombarder de photos, tu commences à lacher prise
Troisième jour : un dernier petit effort
Le jour se lève timidement le vendredi matin et c’est dans une brume mystique que nous reprenons la route.

La campagne birmane gothique. Ca ferait un bel artwork pour Opeth
Le brouillard se dissipe rapidement pour nous laisser apercevoir la beauté matinale des nouveaux paysages.

Elle a pas fini !!!
Cette dernière matinée de marche sera certainement la plus difficile, 5h de marche sous un soleil de plomb, les sacs à dos commencent à peser lourd sur les épaules.

Claire prend souvent les passages les plus risqués
Et soudain, les rives du lac Inle font leur apparition :
Un dernier déjeuner avec Charles dans le village d’Indein. Nous en profitons pour écrire un mot dans son carnet de route et lui dire à quel point nous avons apprécié ces 3 jours avec lui.
Il nous emmène jusqu’au ponton pour nous présenter à un ami à lui, conducteur de bateau sur le lac :

Le pilote de la barque avait tout du maître du kung fu !!!
Et voici venu le temps des adieux et de l’indispensable photo-souvenir :

Tu vas nous manquer mon petit Charlinou
Et c’est parti pour une jolie croisière sur le lac Inle…

On pose nos sacs et nos culs et c’est parti !!!
Ces 3 jours avec Charles ont été la première rencontre forte de notre voyage. Nous ne l’oublierons pas. Cela fait presqu’une semaine maintenant mais nous reparlons de lui tous les jours !
C’est vraiment un guide formidable qui s’est mis en quatre pour nous faire passer un moment parfait. Il aime partager la culture de sa région et initier les rencontres. Ce qui était appréciable aussi c’est qu’il a une vision éclairée de son pays et un discours toujours mesuré, ce qui nous a donné un aperçu assez juste de la situation politique, sociale et religieuse de la Birmanie. Â Il parle aussi très bien anglais ce qui facilite la communication 🙂
Si vous avez le projet d’aller en Birmanie vous devez absolument faire sa connaissance ! Â Ca va changer votre voyage. Envoyez-lui un texto :Â +95 9 428 316 017 ou un e-mail :Â umyamaung77 @ gmail . com (plus réactif par texto, rappelez-vous que l’internet par chez lui c’est pas ça).
Et dites-lui que vous venez de « Ruffin » et de Brice !
11 commentaires
Laure · 3 février 2016 à 9 h 10 min
Nous adorons tes articles. Quelle idée merveilleuse vous avez eu de faire ce voyage. Nous sommes toujours impatients de lire vos aventures. Vous nous faites découvrir de nouveaux horizons. C’est extrêmement enrichissant. On se documente sur tout ce que vous faites pour essayer de nous rapprocher le plus possible de ce que vous vivez. C’est passionnant. Continuez à nous abreuver de vos incroyables moments de vie.
Papa · 3 février 2016 à 10 h 07 min
Magnifique, dépaysant et très enrichissant.Continuez !
Claire · 3 février 2016 à 14 h 45 min
On continue on continue !!
mamou · 3 février 2016 à 13 h 52 min
ben flûte , partir si loin pour manger des frites! Fallait me le dire, j’aurais acheté une friteuse. Et une bière, tous mes cachets touristiques s’écroulent…. Enfin je vois que vous ne mourrez pas de faim, c’est rassurant et en même temps pour perdre du poids c’est pas le top. Y a t il de la viande dans vos plats ?
Je vois aussi que vous prenez des couleurs, une bonne chose et Claire est toute trognon avec sa crème solaire, elle fait bien de se protéger, le soleil semble taper dur.
Je suis épatée de vous voir marcher 3 jours vous des sédentaires endurcis..Chapeau bas…
Claire, ne t’inquiète pas et ne t’excuse pas pour le trop plein de photos vu qu’on est la pour cela justement..
et si ça se trouve, c’est peut être PouiPoui qui défendait son territoire que vous avez entendu dans la nuit.
J’attends la suite avec impatience
PS: quels beaux mollets, Alex
Claire · 3 février 2016 à 14 h 44 min
Rassurez-vous on n’a pas réussi à finir tous nos plats ! Ce qui décevait grandement notre guide mais impossible d’avaler tout ce qu’il préparait. Et nous n’avons pas accès à une balance mais je crois bien qu’il y a déjà un peu moins d’Alex aujourd’hui qu’avant le départ. Je surveille qu’il en reste quand même un peu 🙂
La suite arrive très vite !!
mamou · 6 février 2016 à 19 h 09 min
dis à ton collègue qu’à son retour il va avoir les fesses toutes rouges pour ses commentaires , bon ça me fait exploser de rire mais chuttttt..Je ne comprends pas comment tu peux le traîner partout..
Maman · 4 février 2016 à 10 h 48 min
Tu appelles ton article: « Rendez-vous en terre birmane ».
A juste titre.
C’est tout à fait l’esprit de l’excellente émission télévisée.
Je me pose diverses questions.
Vous avez fait 3 jours de marche pour rejoindre le lac et traversé plusieurs villages.
S’il n’y a pas de route à proprement parler, les villageois vivent donc, à priori, en totale autarcie, de l’élevage et de l’agriculture , j’imagine.
Et les assiettes ont l’air d’être bien remplies.
Complètement inconcevable pour les européens que nous sommes.
Le guide vous a dit au revoir au bord du lac.
Il a donc fait le voyage retour de la même manière ?
J’imagine qu’en ce qui vous concerne, vous avez trouvé une route de l’autre coté du lac.
Les paysages sont, une fois de plus, magnifiques.
Cette terre ocre, ce bleu du ciel, cette verdure, une panoplie de couleurs.
Vous en prenez plein la vue et nous aussi.
Pour notre plus grand plaisir.
Claire · 5 février 2016 à 16 h 27 min
Pour répondre à tes questions :
– Les villageois rencontrés vivent principalement de leurs cultures en effet, mais aussi de ce que leur rapporte la vente de leurs produits. Notre guide nous a expliqué que ces terres étaient un peu le « grenier à blé » de la région de Mandalay. Il y a aussi un peu d’artisanat, comme la dame qui fabrique les tissus que tu vois en photo. Certains tirent aussi un peu de revenus du tourisme en accueillant des randonneurs, même si ça doit encore représenter une très faible part.
Ils sont tous pour la plupart propriétaires de leurs terres, léguées de génération en génération, et paient une taxe à l’état (faible selon notre guide). C’est donc un métier dur mais où ils profitent d’une relative indépendance et honnêtement ils avaient l’air très heureux (dommage qu’ils arrêtent tous de sourire pile au moment où je prend la photo).
– Charles a fait le trajet retour avec une mobylette louée à Indein, 2h sur des routes cahoteuses après les 3 jours de trek, je pense qu’il a dû arriver chez lui sur les rotules !
De notre côté nous avons logé à Nwang Shwe au nord du lac, d’où nous avons repris un bus pour Yangon
J’espère avoir répondu à tes interrogations !
Merci pour tes commentaires toujours soignés, ça fait plaisir de voir qu’on arrive à t’embarquer dans l’aventure 🙂
Maman · 6 février 2016 à 15 h 40 min
Oui tu as répondu à mes questions.
La vie de ces paysans donne à réfléchir sur la notion du bonheur.
Quant à mes commentaires « toujours soignés » comme tu dis, on est mère et fille, n’est-ce pas.
Aurélie · 6 février 2016 à 2 h 13 min
Ce trek fait partie de nos plans pour notre séjour birman d’ici qq semaines, ton récite et tes photos me confortent dans cette idée. Je note les coordonnées de M. Charles… Combien avez-vous payé pour 3 jours ? Bonne continuation !
Claire · 6 février 2016 à 2 h 36 min
Nous avons payé 20$ par personne et par jour (soit 120$ en tout), ce qui correspondait pile poil à notre budget prévu en Birmanie. Nous avions aussi contacté les agences Green discovery et A1 trekking qui proposent les mêmes tarifs. L’avantage avec Charles c’est que vous êtes sûrs d’avoir un guide rien que pour vous, on a croisé des groupes d’une dizaine de personnes en chemin.
Il faut aussi compter 10$ par personne pour l’accès à la zone d’Inle, et 10$ pour le bateau qui vous amènera à Nwang shwe (où se trouvent la plupart des hôtels). Vous pouvez bien sûr tout payer en kyats.
Et si vous allez en Birmanie je te conseille vraiment le site de Brice, c’est une vraie mine d’or sur ce pays !