Le plateau des Boloven nous a tellement enthousiasmés que nous voilà repartis pour une deuxième boucle à mobylette, au centre du Laos, autour de Thakhek.
L’arnaque au plein d’essence
Il fait beau, on part de bon matin pour avoir tout le temps de profiter des curiosités sur la route et faire des pauses.
La coutume en Asie étant de louer les deux-roues réservoir vide, on s’arrête rapidement pour faire le plein. Là on tombe dans une arnaque vieille comme le monde : le pompiste ne remet pas le compteur d’essence à zéro et remplit notre réservoir sans qu’on ait le temps de s’en rendre compte, nous voilà avec une facture de plus de 60 000 kips, c’est délirant pour un plein de mobylette. On proteste et il descend à 35 000, c’est quand même presque le double de ce qu’on paie d’habitude. On a d’autant plus les nerfs qu’on avait lu cette arnaque la veille sur Internet et on est tombés dans le panneau nous aussi !
Revoilà les pics karstiques
Bref, on essaie de ravaler notre fierté et de profiter des paysages qui se déroulent dès la sortie de la ville. La route sillonne à travers une multitude de pics karstiques qui nous rappellent les environs verdoyants de Hpa-An. C’est beau, même si les pylônes électriques massifs gâchent un peu la vue ou en tout cas les photos (merci EDL).
La grotte de Xieng Liap
On s’arrête à la grotte de Xieng Liap, qui est à vrai dire impossible à trouver sans l’aide d’un Lao qui vient à notre rencontre. Je pars visiter la grotte avec un Israélien et notre guide, on crapahute sur la roche et dans l’eau pour la traverser de part et d’autre.
C’est beau mais j’avoue que je ne suis pas très sensible au charme des grottes…
A la sortie on sympathise un peu avec l’Israélien qui s’appelle Bal et qui va nous accompagner pour la journée. On a croisé en Asie pas mal d’Israéliens qui voyagent en solo ou en petits groupes, apparemment ils sont nombreux à voyager après leur service militaire. Enfin, ils sont toujours moins nombreux que les Français !
On tente une autre grotte puis, un peu saturés des cavernes on décide de tracer la route, jusque Thalang où on va passer la nuit. Sur la route, les traces de la construction du barrage sur la rivière Nam Ou sont bien visibles, un paysage fantômatique d’arbres morts nous montre les zones inondées :
Pains au chocolat et bonne humeur à la Sabaidee Guesthouse
On atterrit à la Sabaidee Guesthouse (en français « l’Auberge Bonjour ») où on fait la connaissance d’un jeune Français qui travaille depuis plus d’un an pour ce barrage. Il nous en apprend un peu plus sur ce fameux barrage et sur la vie d’expat’ au Laos.
Le propriétaire de la guesthouse, un vieux Laotien énergique et jovial, nous accueille avec quelques mots de français sortis de nulle part du style « Putain de merde !! », avec l’accent laotien c’est tordant.
On est ravis, notre guesthouse organise tous les soirs un barbecue avec grillades à volonté… sauf ce jour-là, le proprio se justifie vaguement en évoquant les élections qui ont eu lieu le matin : nous on comprend qu’il a juste eu la flemme de faire les courses 🙂 Il a l’air tellement sincèrement desolé qu’on ne peut pas lui en vouloir. De toute façon Alex a un gros coup de fatigue, c’est pas pour ce soir la session ukulélé autour du feu de camp et les folles parties de petang, on partage le dîner avec Bal et on va se coucher.
La route de la mort !
Lundi matin, on profite des fameux pains au chocolat du propriétaire. Qui techniquement sont plus des samossas au chocolat mais c’est l’intention qui compte 🙂
On se met en route doucement, on traverse à nouveau des kilomètres de forêt d’arbres morts. Un paysage sublime et morbide, qui laisse bien sûr songeur sur les désastres écologiques des barrages, ça plus les feux de forêt qu’on voit un peu partout sur la route, la déforestation est en marche.
Pendant une quinzaine de kilomètres la route se transforme en piste. Le sable, la poussière, les travaux en cours et les allées et venues incessantes des camions rendent la conduite assez périlleuse. Heureusement Alex conduit comme un pilote et c’est sans la moindre égratignure qu’on poursuit la route !
On profite ensuite des paysages montagneux qui nous entourent et des petits villages plein de vie.
Pause fraîcheur aux Cold Springs
On se rafraîchit quelques heures plus tard aux Cold Springs, une piscine naturelle entourée de locaux venus pique-niquer, jouer, faire la fête et écouter la musique à pleins tubes. L’eau est froide et turquoise, ça fait du bien !
C’est en milieu d’après-midi qu’on s’arrête à la Xokxaykham Guesthouse, certainement le meilleur rapport qualité-prix de notre séjour au Laos. Pour 5€, une grande chambre double avec lit confortable et draps propres, mobilier en teck, douche chaude, ventilateur et même un balcon !
Konglor, le clou de la boucle
Notre dernier jour est certainement le plus intense : l’objectif est d’aller voir la grotte de Konglor, l’attraction majeure de cette boucle, et de rentrer à Thakek.
La route jusque Konglor est sublime et verdoyante, on s’arrête sans arrêt pour prendre des photos.
Juste à l’entrée de Konglor, on retrouve notre copine Delphine qu’on avait rencontrée la semaine d’avant à Tad Lo. On est trop contents de cet heureux hasard !
C’est donc à trois qu’on suit le conducteur de pirogue qui nous emmène dans les entrailles de Konglor. Armés de nos simples lampes frontales, c’est parti pour 7km de traversée dans le noir complet, une expérience inédite !
On traverse à pied un bout de la grotte, bizarrement éclairé de bleu et vert fluo , complètement futuriste. Un petit Jean-Michel Jarre là-dessus ç’eût été parfait.
A plusieurs reprises au cours de la traversée, le manque de fond nous oblige à sortir et pousser l’embarcation, ce qui pimente un peu l’aventure. La dernière montée avant la sortie nous donne du fil à retordre, on y met tout notre coeur mais le bateau ne bouge pas d’un centimètre, ça fait bien marrer notre guide.
Mais nous voilà bientôt repartis en direction de la lumière, sans être claustrophobes, revenir à l’air libre est comme un soulagement.
Quelques minutes de pause au village derrière la grotte et on rebrousse chemin. La traversée inverse est presque identique à l’aller, hormis quelques rapides en plus !
Très contents de l’aventure, on fête ça avec Delphine autour… d’une bouteille d’eau. On papote et c’est là qu’on en apprendra plus sur le métier de mécanicienne de Delphine, elle a tellement d’histoires dingues à raconter.
Une longue route nous attend encore malheureusement et c’est sans entrain qu’on se remet en selle. Il nous reste près de 200km à faire, dont 100km de route nationale sans intérêt… Les dernières heures de conduite seront une petite torture et c’est à la nuit tombée qu’on arrivera à Thakek, épuisés, bien décidés à ne pas enfourcher une mobylette de sitôt.
Après deux boucles à mobylette à la suite, on a bien sûr tendance à comparer les deux. On doit dire que, même si les paysages étaient plus impressionnants, même si Konglor vaut clairement le détour, la boucle de Thakek nous a laissé moins de souvenirs marquants que le plateau des Boloven. Peut-être parce qu’elle est moins fréquentée, on y a fait moins de rencontres, et plus eu l’impression d’avaler les kilomètres. Rien ne surpassera pour nous la convivialité de Tad Lo !
11 commentaires
Laure · 31 mars 2016 à 15 h 20 min
Moi qui envisageait de vous offrir une mobylette à votre retour pour sillonner les rues lilloises… Du coup, j’ai un doute.
Claire · 1 avril 2016 à 2 h 26 min
Mmmmmmhh… on va y réfléchir aussi
Maxime · 31 mars 2016 à 17 h 23 min
Est-ce que EDL, ça veut dire Electricité Du Laos?
Claire · 1 avril 2016 à 2 h 31 min
Eh oui ! Je vois qu’y en a qui suivent !!
On retrouve encore beaucoup de mots en français au Laos, sur les bâtiments officiels, les écoles, les banques ou la Poste. Et pourtant on a rencontré très peu de Laotiens qui parlaient français !
Maman · 31 mars 2016 à 18 h 23 min
Incroyable !
Ils se baignent vraiment « sapés » comme dit Alex.
Et bien sapés, en plus, apparemment.
Claire · 1 avril 2016 à 2 h 36 min
Oui, les jeunes vont souvent se baigner après l’école et donc les garçons se baignent en chemise et petit pantalon moulant…
J’ai testé du coup, ça colle un peu mais c’est pas désagréable de pas se sentir tout nu… et puis après sur la mobylette ca sèche vite 🙂
Auré · 1 avril 2016 à 13 h 02 min
Alex si tu sais pas quoi faire en revenant en France, je te propose d’ouvrir ta mobylette-école ! Tu as du devenir un vrai spécialiste ! 😀
Laure H · 4 avril 2016 à 20 h 11 min
La petite balade sur l’eau en met plein les mirettes, en mode spéléologue aventureux! C’est cool et en même temps, bouh, on aurait presque peur 🙂
Et tu as l’air si contente surtout lorsqu’on pense à la tête que tu vas tirer devant ton croissant quelques heures plus tard … hihi
En tout cas, vous faites tjrs autant plaisir à voir! Les qq kilos perdus d’Alex lui vont à ravir… Je devrais peut être y songer aussi. Les arbres morts font un peu moins rêver mais la mobylette vous emmène tjrs vers d’autres paysages un peu plus sympa… comme le village très coloré du lendemain!
Des bisous!
Claire · 7 avril 2016 à 17 h 29 min
Oui Alex a pas mal perdu je crois que ça se voit… Mais il ne rentre toujours pas dans le XL vietnamien. Moi non plus d’ailleurs ! S’acheter des sous-vêtements au rayon grande taille je t’avoue que ça fout un coup au moral 😉
Ca nous fait très plaisir de lire ton commentaire ! Ca motive à continuer à raconter notre vie 🙂
Alex · 9 avril 2016 à 16 h 05 min
Tu veux maigrir ? Ca tombe bien, j’organise des séjours gastro en Birmanie.
mamou · 10 avril 2016 à 8 h 01 min
Un conseil, à votre retour éviter Rocamadour et ses grottes… Ca risque d’être la goutte d’eau en trop… Claire quelle chance tu as d’avoir un pilote hors pair qui mine de rien te protège en barque… Mais quelle tristesse cette déforestation que je connaissais pas!! Votre prochain périple: Mars