Jeudi 18 août, 7h. Après une nuit à Nouméa nous voici de retour sur le Betico !
Nous partons cette fois pour près de deux semaines, 3 jours à Maré et 9 jours à Lifou, nos bagages chargés de boîtes de conserve. Nous avons plutôt mal prévu notre coup puisque selon le système de rotation le bateau passe d’abord par Lifou ce jour-là… nous voici donc partis pour 8h de bateau 🙂
A 15h, on arrive à l’embarcadère de Maré où on a rendez-vous avec Charles, le loueur de scooter. Charles tire une drôle de tête quand il voit tout notre barda, sur la route il nous répète plusieurs fois : « ça passera pas ». Alex, fort de son expérience vietnamienne, est bien décidé à lui démontrer la méthode asiatique : deux sacs entre les jambes, un sac devant, la tente sur la tête et la femme derrière… mais si, ça passe !
Il nous faut maintenant traverser toute l’ile pour rejoindre le gîte Seday tout au nord, qui dispose d’un terrain de camping. Cela fait 3 jours qu’on essaie de les joindre sans succès, on tente donc le coup. En arrivant sur place, on tombe tout de suite sous le charme de l’endroit mais on ne trouve personne.
On tombe rapidement sur Gisèle, une voisine qui nous accueille à bras ouverts et vient nous aider à chercher « sa tante Suzanne ». La fameuse Suzanne est un petit bout de femme adorable qui nous fait tout de suite nous sentir chez nous, et nous propose tout de suite une case au prix du camping.
Le confort est sommaire, la propreté relative et la douche froide… mais la beauté de l’endroit où on va vivre ces prochains jours, et des gens qui y vivent, n’a pas de prix.
On savoure une bonne tartiflette Carrefour en boîte (peut-être le pire repas de ce tour du monde) avant d’aller trouver le sommeil, une journée bien remplie s’annonce demain !
Vendredi, réveil à 6h, on déjeune avec Jacques, le mari de Suzanne, qui nous propose un café et quelques crêpes qu’il est en train de préparer pour les enfants, et qui ressemblent à des bugnes.
Il nous donne aussi une demi-baguette pour qu’on aille nourrir le Napoléon qui vient au bord de la maison tous les matins. Nous on ne sait pas ce que c’est un Napoléon, quelle surprise quand on voit surgir ce gros poisson glouton tout bleu !
Ce matin c’est le marché de Tadine au sud de l’île et on est bien décidés à y arriver de bonne heure cette fois, mais à 7h les étals sont déjà presque vides. On se contente de deux aubergines, quelques tomates cerises et deux parts de brioche.
On reprend le scooter pour longer la côte, on découvre un littoral déchiqueté et sauvage, la roche anthracite tranche sur le bleu profond de la mer, la lumière matinale est déjà intense.
On arrive à l’aquarium naturel, un bassin d’eau de mer qui accueille des poissons (et auparavant des tortues et des langoustes selon Suzanne, mais elles ont disparu). Raison écologique ou religieuse, il est interdit de s’y baigner, mais à quoi bon puisqu’on voit à travers la surface… comme dans un aquarium.
Lorsqu’on arrive à détacher nos yeux de cette merveille, on reprend le scooter pour continuer à longer la côte. On arrive sur la longue plage de Wabao juste à temps avant la pluie…
On s’abrite sous un abri de fortune, où un jeune kanak en retour de mariage nous offre une canette de Number One (une des deux bières locales), on passe un moment à discuter avec lui, de la vie sur les îles et à Nouméa, des coutumes de mariage ici. Il n’est pas marié et pas pressé mais craint que ses tantes se chargent d’aller lui trouver une femme s’il tarde trop, comme ça se fait ici 🙂
Il nous conseille la plage de Patho, tout au sud, et dès que la pluie s’arrête on s’empresse d’aller voir ça. Il ne nous a pas menti, c’est un enchantement, la longue bande de sable blanc déserte, les coquillages sous nos pieds, le lagon bleu vert translucide, et un arbre mort qui trône au milieu. Le vent de plus en plus fort et les nuages qui se massent rajoutent à l’étrangeté de la scène.
Craignant une nouvelle averse on reprend la route, on remonte jusqu’au nord. Suzanne nous avait prévenus, « Maré est la plus sauvage des îles, ici tout est vert, trop vert ». On traverse des kilomètres de territoire inhabité, recouvert de végétation luxuriante.
Notre dernier stop du jour sera au Trou de Bone, une profonde cavité rocheuse qui abrite un bassin d’eau et un jardin tropical. On passe un petit moment à y lancer des pierres et faire des voeux, Alex vise mieux que moi !
On rentre en milieu d’après-midi au gîte, et on emprunte à Jacques ses palmes pour aller faire un petit plongeon en bas du jardin.
Le soir, Suzanne reste avec nous sous le faré du jardin et on passe un long moment à discuter avec elle en cuisinant. Elle évoque avec nous son arrivée ici juste après son mariage avec Jacques il y a plus de 20 ans, son émerveillement permanent face à cet endroit, le temps passé sur son petit banc à regarder passer les baleines, son combat contre le cancer, sa convalescence en Australie qui l’a éloignée de sa famille pendant plus d’un an, le plaisir qu’elle a à accueillir les gens dans son gîte et voyager en métropole à travers eux.
Suzanne si touchante, si simple nous rend encore plus amoureux de cet endroit.
Le lendemain, réveillée par la tournée matinale du boulanger, j’assiste au lever de soleil.
Les yeux rivés sur le rivage, j’aperçois une baleine et son petit, c’est émouvant d’être dans un endroit pareil et de sentir la nature si vivante autour de soi.
Je prends mon petit-déjeuner avec Suzanne et j’attends qu’Alex se réveille pour aller nourrir le Napoléon.
Dans la matinée on se trouve une petite crique déserte pour faire un peu de snorkelling.
On pique-nique sur la plage puis on est rejoints par un monsieur qui part pêcher au harpon. Il reste près d’une heure dans l’eau, une prouesse car l’eau est vraiment fraîche.
Curieux de voir la pêche du jour, on attend patiemment sur le bord… et la pêche est bonne !
Elle régalera le neveu du monsieur, revenu pour les vacances. On passe un petit moment à discuter de Maré. Monsieur est un amoureux de son île et nous dit la chance qu’il a de pouvoir se nourrir tous les jours de ce que la nature lui offre. « 100% bio ! ». Il nous parle aussi des débarquements réguliers de paquebots d’Australiens qu’il ne voit pas d’un bon oeil… après l’avoir vu pêcher, on comprend l’impact que peut avoir toute perturbation écologique sur le régime alimentaire des habitants de Maré. En tout cas ça fait du bien de rencontrer des gens qui aiment l’endroit où ils vivent et sont conscients de la beauté qui les entoure.
En début d’après-midi, on se rend au nord à Tenane, qui accueille tous les samedis un petit marché. On imite les locaux et on se régale de bonnes brioches et d’un thé chaud 🙂
Le lendemain c’est déjà le jour du départ, et avant de quitter ce bel endroit je décide de partir en mission Napoléon ! Alex jette des biscuits dans l’eau pour l’appâter pendant que je tente de l’approcher… Un paquet de BN y passe mais rien à faire, dès qu’il me voit il prend la fuite. Notre tentative aura eu le mérite d’amuser les enfants 🙂
Le temps de voir passer une dernière baleine…
On dit au revoir à Jacques et Suzanne repart sur notre petit scooter aussi chargés qu’à l’aller, saluant une dernière fois les habitants de Maré qui nous ont si bien accueillis…
C’est avec un petit pincement au coeur qu’on embarque pour le Betico, heureusement de belles aventures nous attendent pour la prochaine étape : Lifou !
2 commentaires
mamou · 17 octobre 2016 à 17 h 34 min
eh bin ! vous êtes chargés…Vous partez avec vos conserves? Alex est choupinet avec ses palmes… Cela doit être difficile de quitter des endroits paradisiaques comme celui ci.
Soizic · 24 novembre 2016 à 14 h 12 min
Cette île est sublime !! Dis donc, je ne savais pas que c’était aussi beau, la Nouvelle-Calédonie… ça fait rêver ! Il n’y a vraiment pas de touristes ou c’est parce que vous ne prenez pas d’Australiens en photo ? 😉