6 mois déjà

C’est un peu effrayant de dresser le bilan des 6 mois… On est déjà à mi-parcours avec l’impression affolante que le temps s’accélère… et en même temps quand on tourne les pages de ce blog on se dit que ces derniers mois ont été drôlement bien remplis.

On se dit aussi qu’on n’a pas vraiment changé, mais quand même un peu, en tout cas on a appris quelques trucs :
– dire « bonjour », « merci » et « riz » en birman, thaï, cambodgien, laotien, vietnamien, chinois, coréen, japonais, indonésien (langage de survie minimaliste, on vous l’accorde)
– décrypter l’anglo-birman, anglo-laotien etc et les subtilités de sa prononciation
– apprendre à demander aux chauffeurs de bus / taxi / tuktuk non seulement le prix de la course mais aussi à quelle heure on part (pour éviter d’attendre pendant 30mn que le taxi se remplisse), et où on arrive exactement
– suivre quand même sur son GPS le circuit du bus / taxi / tuktuk, et vérifier qu’on est bien déposé à bon port – dans le cas contraire, râler et se préparer à une longue marche
– se découvrir une passion pour le curry massaman, le pad thaï et la salade de papaye, le laab kai, le bo bun, le banh mi, le gong bao di jing, les jiaozi, le bibimbap, l’hatteok, le ramen, le nasi campur et le dadar gulung
– détecter quand un Asiatique ne connaît pas la réponse à notre question, mais qu’il a répondu pour faire plaisir
– savoir renoncer à la découverte des plats locaux quand notre confort intestinal en dépend
– planifier un mois de voyage en une journée parce qu’on est complètement à l’arrache et qu’on n’a pas eu d’accès internet depuis plusieurs semaines
– distinguer un Chinois d’un Coréen d’un Japonais rien qu’à sa tenue vestimentaire
– reconnaître un Français au premier coup d’oeil (Quechua ? Routard ? Barbe de 3 jours ? Anglais pourri ?)
– réduire son exigence en termes d’hygiène (mais il est tout propre ce tee-shirt, ça fait qu’une semaine que je le porte !)
– réduire son niveau de coquetterie (tee-shirt marron ou tee-shirt sable aujourd’hui ?)
– négocier tout et n’importe quoi, le prix d’une chambre, d’un repas, d’un taxi, d’un bateau, d’une bouteille d’eau (pas encore notre spécialité cela dit)
– se détacher du matériel (chouette, encore un marché artisanal où je ne pourrai rien acheter du tout !)
– se supporter 24h/24 mais non ça on savait déjà
– conduire un scooter en terrain hostile (enfin surtout Alex)
– prendre le temps, gérer notre énergie et ne plus culpabiliser de ralentir le rythme (voire ne rien faire)
– savourer chaque instant du temps qui passe
– se concentrer sur nos envies et oublier les listes de choses à voir ou à faire, zapper parfois les incontournables et ne pas le regretter
– nouer des amitiés sincères après seulement quelques heures de discussion
– accepter que la vie en voyage est faite de rencontres éphémères et de séparations
– s’émerveiller de la tolérance, la générosité et la bienveillance inouïe dont l’humanité est capable partout dans le monde… et ignorer la cupidité, la mesquinerie et la méfiance dont elle fait parfois preuve
– savoir que c’est tous les deux en France et près de nos proches qu’on a envie de faire notre vie (ouf ! fin du suspense ! vous voilà rassurés)

Et puis il y a les choses qui nous manquent :
– le chèvre, le maroilles, le reblochon, le saint-marcellin, la fourme d’ambert, le sainte-maure, l’ossau-iraty, la mozzarella, la feta, la burrata bref vous avez compris le fromage !
– la viande pour Alex
– la bière à plus de 4°C
– les viennoiseries et le bon pain évidemment
– le vin, un peu
– la tartiflette de ma mère et la mousse au chocolat de la mère d’Alex
– avoir des habitudes, une routine, savoir où est rangé le dentifrice sans défaire l’intégralité du sac à dos (par contre la sonnerie du réveil ne nous manque pas du tout)
– pouvoir se surprendre (coucou chéri ! c’est encore moi ! )
– parler Français (ça c’était surtout pour la Chine car dans le reste de l’Asie les Français sont Partout)
– cuisiner autre chose que des nouilles instantanées
– faire la fête avec des gens qu’on aime

Et VOUS bien sûr ! Les soirées entre copains, les week-ends en famille, ça nous paraît bien loin. A ce stade du voyage, malgré les mails, les messages, ce blog, on sent que la distance se creuse, le contact direct nous manque et il nous tarde de retrouver nos conversations futiles ou profondes, les soirées improvisées, les bières après le boulot, les fêtes arrosées… On voit bien que la vie défile pour vous aussi et qu’on rate plein de choses importantes de vos existences. Aussi on espère que vous ne nous oublierez pas trop et qu’on pourra recommencer la relation là où on l’a laissée c’est-à-dire, pour la plupart d’entre vous, autour d’un bon repas ou d’une bonne bière 🙂

A dans 6 mois !