On continue notre périple en Patagonie, avec une semaine à El Chaltén, village sacré capitale nationale du trekking et donc le rêve d’une vie pour Alex.

Un séjour qui démarre du mauvais pied puisqu’on est accueillis par une pluie battante et un vent glacial à notre arrivée. Parfois le mauvais temps est simplement une bénédiction pour ne rien faire… on en profite donc pour se remettre de nos 4 derniers jours plutôt pauvres en sommeil.

On sort le bout du nez en fin d’après-midi pour monter à un mirador en hauteur, qui offre une vue sur la ville et les alentours. Assez mauvaise idée, la vue est couverte et on reviendra à l’hôtel trempés jusqu’aux os.

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« Tu peux te grouiller d’appuyer sur le déclencheur ? Il est pas waterproof mon appareil ! »

Le lendemain, on tente un premier trek avec Mélanie & Edouard, un couple de Lillois rencontré la veille… L’écran de pluie qui s’abat brutalement devant nous a raison de notre optimisme, on remet cette randonnée à plus tard.

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« On y va ? » -« Tu sais, j’voulais déjà pas partir en tour du monde alors bof »

Pour s’occuper on fait une marche tranquille jusqu’à une cascade.

 

C’est donc mercredi qu’on entame notre premier vrai trek. Le ciel est encore menaçant quand on se lève et on attend donc 9h pour démarrer, moyennement confiants.

Aujourd’hui on s’attaque au gros morceau, LA randonnée que tout le monde fait ici : la Laguna de los Tres, plus communément appelée « le Fitz Roy ».

Le mont Fitz Roy, aussi appelé Cerro Chaltén, est un énorme monolithe de granit qui culmine à 3405m. Rassurez-vous, on ne monte pas tout en haut, ça c’est réservé aux professionnels de l’escalade. Nous on se contente de monter jusqu’à sa base, la fameuse laguna de los Tres.

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10 km aller. Difficulté haute…………… Et merde

Le sentier démarre par une montée de 700m, qui débouche sur le Mirador du Rio de las Vueltas. Il a neigé la nuit dernière et toutes les montagnes sont recouvertes d’un manteau blanc, c’est joli comme tout.

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« J’ai fait un rêve hier. J’étais en rando et je mourrais »

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« Je pense que c’était un rêve prémonitoire, on ferait mieux de rebrousser chemin »

Pendant 3km, on continue la montée à travers les arbres, sous un temps encore assez couvert.

Au milieu d’une clairière, on surprend un couple de pics de Magellan en plein travail, quel boucan ! C’est la deuxième fois qu’on en voit en Argentine, et c’est toujours impressionnant de les voir de si près pilonner ces pauvres arbres.

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Nous deux et les deux oiseaux, quelques flocons qui commencent à tomber, moment magique.

On arrive maintenant à la Laguna Capri, belle étendue d’eau sombre entourée par les montagnes et cernée par les campeurs.

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Les gens se satisfont vraiment de peu de nos jours

Tout au fond, on entrevoit les reflets bleus du glacier Piedras Blancas et surtout on l’entend gronder, comme un coup de tonnerre !

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On dirait que la montagne dégueule de la glace

Le bruit assourdissant nous donne envie de nous rapprocher et c’est au pas de course qu’on reprend la marche.

Le terrain est maintenant plat, c’est facile, on se sent tout léger. Le paysage devient de plus en plus beau et surtout le soleil pointe enfin le bout de son nez, on aperçoit des morceaux de ciel bleu !

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La Patagonie. C’est vraiment ici qu’a choisi de vivre Florent Pagny ? Il est vraiment con ce type

Tout s’éclaire et devient magique, les flaques deviennent de grands miroirs, la bruyère revêt mille couleurs chatoyantes et les sommets enneigés nous éblouissent.

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Perso, je dois être daltonien parce que je n’y vois que 50 nuances de gris

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C’est pas la première image qui me revient quand je repense à tout ça

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Obligé de tricher sur les angles pour ne pas montrer trop de nuages

On croise une famille d’ouettes à tête grise bien disciplinées :

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« Bon les ouettes ! Maintenant, on se place de gauche à droite, les gosses au milieu. Voilà, comme ça »

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« Et tenez vos marmailles ! Ca va faire flou sur la photo »

On en profite, mais on sait que le beau temps en Patagonie, ça ne dure pas. Alors pour être sûrs de contempler le Fitz Roy sous le soleil, on se met à courir ! Oui, parfaitement, on court, on saute au-dessus des flaques, on dépasse les gens et on essaie de devancer les nuages.

Ca nous fait mourir de rire tellement cette situation est improbable. Haha, t’as vu, je cours ! N’importe quoi. Bref.

Environ 5km plus tard, quelque peu essoufflés par notre folle fuite en avant, on s’apprête à la montée finale, la portion hardcore : 1km à parcourir, 400m de dénivelé. La pente est raide et assez interminable grâce au sol caillouteux bien instable.

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« On n’aurait peut-être pas dû courir en fait »

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« Viens, on va voir ! » -« Non mais le nuage, j’le vois bien d’ici tu sais »

Quand je crois que je n’en peux plus, je pense à la chance qu’on a d’être sur nos deux jambes et d’aller où bon nous semble. Petit regain de motivation garanti.

Après 40mn de méthode coué, on en vient à bout, et on peut enfin contempler le beau bleu turquoise du lac. Malheureusement les tours sont d’humeur boudeuse et les nuages nous empêchent d’apprécier complètement le panorama…

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« T’inquiète, on regardera des images sur l’Internet en rentrant »

 

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Quelques instants plus tard, le bonheur total, la cerise sur le gâteau, l’alloc en fin de mois : la tempête de neige

Mais on est contents quand même, et on profite du bonheur inattendu de mettre les pieds dans la neige et d’entendre ses craquements sous nos pas.

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Comme il fait très froid en haut, on redescend pour manger notre pique-nique, les jambes bien endolories et les genoux flageolants.

Il est encore tôt et on a maintenant tout notre temps pour rentrer tranquillement. Comme pour nous narguer, les tours se dévoilent quelques instants derrière nous. Leurs contours fantomatiques semblent n’être qu’une illusion de notre esprit.

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« Non mais il se fout de nous ce Fitz Roy de mes 2 !!! »

Un dernier petit coup d’oeil derrière nous…

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« Ah bah c’était bien de la merde »

Et on continue droit devant, à travers les paysages traversés ce matin.

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Une passerelle pas large au-dessus des marécages, man vs wild

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Si personne n’a jamais vécu ici, c’est qu’il y a une raison

Nos jambes commencent à avoir hâte d’en finir, quand le vilage d’El Chaltén apparaît au loin…

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« Bon sinon on mange quoi ce soir ? »

>> Fitz Roy : check ! <<


2 commentaires

Mamou · 4 février 2017 à 13 h 10 min

Quel courage mes gens!!! et un bonhomme de neige!! Que du bonheur … Et ces petites ouettes sur la photo …

Aurélie · 4 février 2017 à 18 h 50 min

Ce parc avait été l’un de nos préférés en Patagonie. Nous y avions passé 3 jours/2 nuits en autonomie, c’st un excellent souvenir pour nous… et même si nous avions été globalement plus chanceux que vous côté météo, nous avions nous aussi eu droit à un peu de neige. Le climat changeant fait partie du charme de la Patagonie, disons 😉

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